XVIIe -XVIIIe siècles
Au XVIIIe siècle, la sculpture d’ornement occupait un grand nombre de maîtres et de compagnons. Carl Magnusson lève le voile sur l’organisation du métier et analyse la place des sculpteurs dans la hiérarchie des compétences de leur temps, entre arts mécaniques et arts libéraux. Son terrain de recherche est la Genève des Lumières. A partir de la figure de Jean Jaquet, il explore un milieu professionnel aux vastes ramifications, dont les acteurs viennent des quatre coins de l’Europe, notamment de Paris. La richesse des sources collectées permet de construire une réflexion sur un domaine complexe, encore largement en friche, que l’on sépare trop systématiquement des Beaux-Arts. En attirant l’attention sur le luxe déployé dans les maisons de l’ancienne république, l'étude combat également l’idée profondément enracinée que la Cité de Calvin serait, en vertu de l’austérité prétendument prônée par le réformateur, un désert artistique.
En 1783, l’évêque de Limoges Louis-Charles Du Plessis d’Argentré publie un bréviaire à l’usage de son diocèse, avec un propre des saints profondément remanié, revisitant notamment les leçons du deuxième nocturne qui retracent la vie des saints. La singularité de l’« Ecole limousine » repose sur ces abbés érudits, Oroux, Nadaud et Legros, des prêtres du diocèse rompus aux nouvelles méthodes de la critique historique, qui œuvrent aux côtés de Louis-Étienne Rondet et de l’abb© Du Mabaret, cherchant dans la bibliothèque du séminaire les sources permettant d’appuyer le culte des saints sur une réalité historique. Pourtant, l’élaboration des leçons ne se fait pas sans tension : en l’absence de sources, faut-il respeter la tradition, en épurant un peu, ou rejeter tout ce qui ne serait pas assuré ? La publication du bréviaire de 1783 est le résultat de cette tension entre tradition ecclésiastique et histoire, et c’est là son originalité. Le bréviaire est un document essentiel qui montre comment un diocèse comprend et célèbre son histoire religieuse et, par là, permet d’aborder la question de la « tradition ecclésiale », comme l’appelleront les théologiens et les historiens de la liturgie des XIXe et XXe siècles. On suit au fil des pages le processus d’élaboration de ce bréviaire où les rédacteurs se sont employés à ne blesser ni la méthode historique ni la mémoire croyante, ouvrant ainsi une voie originale entre bréviaire « gallican » et bréviaire « romain ».
Sommaire
F. OPPERMANN, "Versailles: le dossier chartiste"; V. MAROTEAUX, "Du pavillon de chasse à la résidence capitale: le développement de Versailles à travers les actes royaux (1634-1716)"; A. MARAL, "L'"Estat présant des figures" (1686), première description des sculptures des jardins de Versailles après l'installation de la cour: un document inédit"; V. RICHARD, "La Chambre du roi (XVIIe-XVIIIe siècles): une institution et ses officiers au service quotidien de la majesté"; H. BECQUET, "Les filles de France à Versailles au XVIIIe siècle, entre intégration et exclusion"; G. BOREAU DE ROINCÉ, "Les jardins de Versailles au XVIIIe siècle, théâtre de privilèges et lieu de divertissement"; R. GAILLARD, "Les commissaires-priseurs et les ventes révolutionnaires du mobilier royal"; F. OPPERMANN, "Le remeublement du château de Versailles au XXe siècle, entre action scientifique et manoeuvres politiques" - Mélanges - S. FRAY, "Le privilège d'Urbain II pour Saint-Géraud d'Aurillac (19 avril 1096, JL 5563): un acte falsifié au XIIIe siècle"; V. PONS ALÓS, "Note sur la sainte Epine offerte en 1256 par Louis IX à la cathédrale de Valence (Espagne)" - Bibliographie - Résumés.
F. OPPERMANN, "Versailles: le dossier chartiste"; V. MAROTEAUX, "Du pavillon de chasse à la résidence capitale: le développement de Versailles à travers les actes royaux (1634-1716)"; A. MARAL, "L'"Estat présant des figures" (1686), première description des sculptures des jardins de Versailles après l'installation de la cour: un document inédit"; V. RICHARD, "La Chambre du roi (XVIIe-XVIIIe siècles): une institution et ses officiers au service quotidien de la majesté"; H. BECQUET, "Les filles de France à Versailles au XVIIIe siècle, entre intégration et exclusion"; G. BOREAU DE ROINCÉ, "Les jardins de Versailles au XVIIIe siècle, théâtre de privilèges et lieu de divertissement"; R. GAILLARD, "Les commissaires-priseurs et les ventes révolutionnaires du mobilier royal"; F. OPPERMANN, "Le remeublement du château de Versailles au XXe siècle, entre action scientifique et manoeuvres politiques" - Mélanges - S. FRAY, "Le privilège d'Urbain II pour Saint-Géraud d'Aurillac (19 avril 1096, JL 5563): un acte falsifié au XIIIe siècle"; V. PONS ALÓS, "Note sur la sainte Epine offerte en 1256 par Louis IX à la cathédrale de Valence (Espagne)" - Bibliographie - Résumés.
Table des matières
Remerciements
Table des abréviations
Table des ouvrages cités en abrégé
Table des bibliothèques et institutions citées en abrégé
Introduction
Première partie
1680-1735 : Les débuts d’une dynastie
Chapitre premier
L’entrée en librairie : la trajectoire de Jean I Jombert (1643-1705)
Chapitre II
Une transition plutôt modeste : Claude Jombert (1679-1735)
1. L’ancrage d’une famille dans le Paris du livre : adresses, enseigne et marques
2. Une dynastie précocement liée à l’Académie des sciences
3. Un projet de publication avorté avec un auteur mauriste orléanais
Deuxième partie
L’affirmation d’une lignée professionnelle au siècle des Lumières
Un libraire du Roi placé au premier rang de sa profession
Chapitre III
Le métier de libraire d’assortiments
1. La librairie d’assortiment et ses enjeux
2. En France et à l’étranger : jalons pour un large réseau de correspondants
3. Le faible volume des envois transmis par la douane de Paris
Chapitre IV
Charles-Antoine Jombert et l’Académie des sciences
1. L’implication de Charles-Antoine Jombert dans la querelle des forces vives
2. Les auteurs académiciens : transfuges et recrues de choix
Chapitre V
Le réseau d’auteurs : liens étroits et tensions éventuelles
1. Des relations privilégiées avec nombre d’auteurs
2. De quelques litiges et tensions avec les auteurs
3. Le crédit auprès de la direction de la Librairie et la tentation de l’arbitrage
Chapitre VI
Patrimoines familiaux et éléments de train de vie
1. Charles-Antoine Jombert : un univers matériel opulent
2. Présence des arts, des sciences et des loisirs de société
3. Des caractéristiques et constantes familiales
4. Gens de Maison
Troisième partie
Un apogée : Charles-Antoine Jombert et les années 1750-1770
Chapitre VII
Lieux de vie, espace professionnel, sociabilité et reconnaissance corporative : les marques d’une consécration
1. Charles-Antoine Jombert et l’hôtel Impérial de la rue Dauphine
2. L’espace professionnel : Charles-Antoine Jombert et son personnel de boutique
3. De Claude à Claude-Antoine Jombert : l’importance des résidences secondaires
4. Le salon de Jombert : « le chef-lieu de la Librairie des Sciences et des Arts »
5. La reconnaissance corporative
Chapitre VIII
L’imprimerie de Charles-Antoine Jombert
1. De Paris à la province : l’organisation de la sous-traitance typographique
2. Vue générale jusqu’en 1753
3. Charles-Antoine Jombert imprimeur (1754-1759)
4. A partir de 1760 : une étroite collaboration avec le gendre imprimeur Louis Cellot
5. Autres collaborations nouées ou continuées par les fils de Charles-Antoine Jombert
6. Les leviers imprimés du commerce : placards, prospectus et annonces
Chapitre IX
Une entreprise éditoriale
1. Pour une vue d’ensemble : statistiques de la production éditoriale des Jombert
2. Aperçus qualitatifs tirés de l’enquête statistique
3. Partenariats et stratégies confraternelles
4. Initiatives, exigences et genèses éditoriales
5. La valeur ajoutée éditoriale : un chantier dont le libraire éditeur est le maître d’oeuvre
6. L’enjeu capital des traductions et des traducteurs
7. Le travail de la « mise en livre » à travers les paratextes (épîtres, préfaces, avis, pièces liminaires)
8. Charles-Antoine Jombert, marchand et éditeur d’estampes ?
Chapitre X
Repères pour la réception : catalogues, recensions et autres témoignages
1. Les catalogues : un instrument de diffusion particulièrement efficace dans un contexte de spécialisation éditoriale
2. Critiques, recensions, mémoires et correspondances
Quatrième partie
Charles-Antoine Jombert et les arts
Chapitre XI
Iconophile et collectionneur
1. Une importante collection personnelle
2. Les ventes aux enchères d’estampes (Boucher, Fabre et Huquier) et l’« oeuvromanie » de Charles-Antoine Jombert
Chapitre XII
Historien de l’art et iconographe : travaux et recherches
1. Un historien de l’art fort de son expérience d’éditeur-auteur
2. Catalogue de Charles-Nicolas Cochin (1770)
3. Catalogue de Stefano Della Bella (1772)
4. Catalogue de Sébastien Leclerc (1774)
5. Le projet non abouti du catalogue de Jacques Callot
6. La collaboration au Dictionnaire des artistes de Carl Heinrich von Heinecken
Chapitre XIII
Amitiés artistiques
1. Une relation particulière : Mme Jombert – Charles-Nicolas Cochin – M. Jombert
2. Aignan-Thomas Desfriches et sa famille : séjours et liens orléanais
3. Echanges, services amicaux et vie quotidienne
4. Les portraits de Charles-Antoine Jombert et de Marie-Angélique Guéron
Cinquième partie
Fin d’une dynastie
Chapitre XIV
Charles-Antoine Jombert et sa descendance directe
1. Descendance du premier lit
2. Descendance du second lit
Chapitre XV
Vente du fonds et retraite de Charles-Antoine Jombert (1775-1779)
Chapitre XVI
Les descendants de Charles-Antoine Jombert et les métiers du livre
1. Marie-Angélique Jombert et Louis Cellot
2. Claude-Antoine Jombert et Marie-Madeleine Deschamps
3. Louis-Alexandre Jombert et Marguerite-Charlotte Didot
4. Louis-Marie et Louis-Toussaint Cellot
5. Autres successeurs de la maison Jombert
6. Louis-Antoine Jombert, libraire de Stendhal et la « Librairie Lexique »
Chapitre XVII
Le peintre Pierre-Charles Jombert ou le rêve comblé d’une famille tournée vers les arts ?
Chapitre XVIII
Antoinette-Sophie Jombert (1783-1861) et ses descendants : Charpentier, Lemonnier et Robida
Chapitre XIX
Les descendants de Louis-Alexandre Jombert et le professorat
Conclusion
Catalogue raisonné de la production éditoriale des Jombert
Normes utilisées pour la rédaction du catalogue raisonné
Annexes
Annexes iconographiques
Sources et bibliographie
Index des titres
Index topographique et des institutions
Index onomastique
Table des illustrations
Table des tableaux insérés dans le texte
Table des annexes
Première étude d’ensemble consacrée à la dynastie Jombert, libraires, éditeurs et imprimeurs de sciences et d’art à Paris de 1680 à 1824, à l’enseigne « A l’Image Notre-Dame », dont le plus illustre représentant, Charles-Antoine Jombert (1712-1784), fut nommé « libraire du Roi pour l’artillerie et le génie ». À la lumière d’un grand nombre d’archives inédites sont analysés tout à la fois : les relations de ces professionnels avec les acteurs du livre de leur temps ; les mécanismes éditoriaux et leurs supports ; les sociabilités scientifiques et artistiques qu’ils ont animées, s’appuyant notamment sur une relation privilégiée avec Charles-Nicolas Cochin ; ainsi que les activités iconographiques de Ch.-A. Jombert et celles de son fils, le peintre Pierre-Charles Jombert. Cette étude est suivie du catalogue raisonné de toute la production éditoriale de cette famille, riche de 992 notices bibliographiques détaillées, particulièrement utile aux professionnels du monde du livre ancien, bibliophiles et chercheurs en histoire des sciences et de l’art, dans leur travail d’identification et de documentation.
Pour la distribution en France : www.sodis.fr
À l’aube des temps modernes, les monarchies espagnole et française se profilent comme les deux plus puissantes d’Europe occidentale. Rivales, elles sont néanmoins liées par d’innombrables liens, politiques et culturels. La volonté de s’affirmer, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de leurs états, impose à leurs princes de s’appuyer sur des individus capables de rendre visible, voire présente, leur autorité et leur dignité. Les vice-rois hispaniques, comme les gouverneurs français, ont alors pour mission de représenter l’autorité royale dans des lieux éloignés de la cour, où le roi ne peut être présent. L’affirmation de la majesté, de plus en plus individualisée dans la personne du souverain, semble métamorphoser le rôle de ces lieutenants territoriaux, jadis simples agents, en de véritables images reflétant la personne même du souverain. À l’étranger, cette fonction incombe aux ambassadeurs ainsi revêtus de « la gloire du roi ». Le faste, le cérémonial, les images, la gestualité et la parole, constituent les instruments de cette mission : tenir la place du roi en son absence.
Table des matières
Préface
C. Le Blanc et L. Simonutti
INTRODUCTION
Philosophie, traduction, histoire
C. Le Blanc
Renaissance, Contre-Réforme et Siècle des Lumières : tradition et traduction
M. Vittori
DU TEXTE A LA PENSÉE
Les réflexions humanistes sur la traduction
Humanisme et traduction durant la Contre-Réforme - Girolamo Catena
S.U. Baldassarri
Luther et la germanisation de la Bible
I. Ferron
Ronsard, apologiste de la liberté de traduire
J.-K. Sohn
Les traductions humanistes
Ficin traducteur de Psellus
F. Dell’Omodarme
La Boétie et Montaigne : La Mesnagerie de Xénophon et la « légende socratique »
R. Ragghianti
Montaigne traducteur de Sebond
N. Panichi
Jean Calvin et l’hébreu
M. Engammare
La version hébraique abrégée des Voyages de Jean de Mandeville réalisée par Yohanan Alemanno
F. Lelli
Le De interpretatione de Pierre-Daniel Huet : entre tradition humaniste et critique scripturaire
A. Del Prete
La question de l’auteur/traducteur
Marsile Ficin traducteur de lui-même. Le cas de Christiana Religione
G. Bartolucci
« Politique » dans la terminologie latine de Jean Bodin, auteur des Six livres de la République (1576)
M. Turchetti
« Voces propter res, non res propter voces ». Campanella traducteur de lui-même
G. Ernst
Thomas Hobbes traducteur de lui-même. Les deux versions du Leviathan et les deux procès, du roi et des régicides
M. Turchetti
TRADUIRE LA PHILOSOPHIE
La langue comme outil philosophique
Nāṣir-e Khosrow traducteur des Ikhwān al-Ṣafā’ ?
C. Baffioni
Comenius et le débat sur la langue universelle
A. Cagnolati
Philosophie, magie de la parole, encyclopédie : la Tipocosmia d’Alessandro Citolini
G. Dragnea Horvath
L’art philosophique de la traduction
Les traductions de Machiavel en Angleterre
L. Simonutti
« Aller au fond des pensées ». Giordano Bruno et les traductions
S. Bassi
L’instruction des princes dans l’Europe du XVIIe siècle : la traduction italienne (1677) des écrits pour le prince de La Mothe Le Vayer
L. Bianchi
Sorbière traducteur de Hobbes : l’irruption du politique en traduction
F. A. Cappelletti
Les Platoniciens de Cambridge traducteurs
J.-L. Breteau
Le cas Descartes
Les mots et les pensées. Sur la première traduction latine du Discours de la Méthode
M. Spallanzani
Descartes : traduction, vérité et langue universelle
G. Belgioioso
Descartes et la traduction latine de la morale par provision
L. Delia
La part de Descartes dans la traduction de ses oeuvres : Du Discours de la Méthode a la Dissertatio de Methodo
D. Donna
Spinoza « traducteur » des Principia philosophiae cartesii
C. Santinelli
Traduction et théorie du langage : pratique de la traduction
Verbum sermo ratio. Lectures hétérodoxes du logos de Jean entre les XVIIe et XVIIIe siècles
S. Brogi
Leibniz et la traduction universelle
M. Favaretti Camposampiero
Théorie du langage et philosophie de la traduction chez Christian Wolff
M. Favaretti Camposampiero
Traduction et théorie du langage chez Locke
J.-M. Vienne
Locke traducteur de Nicole : Of the Weaknesse of Man
L. Simonutti
Vico, traducteur de Le Clerc
F. Lomonaco
VERS UNE PHILOSOPHIE DU TRADUIRE : HERMÉNEUTIQUE ET CRITIQUE
Traduction et tradition
Les Epistola pseudo-hippocratiques. Entre traduction, tradition et translation
P. Schiavo
Lucrèce en Angleterre. Echos et traductions du poème lucrétien au XVIIe siècle en Angleterre
D. Pfanner
L’image de l’islam au XVIIIe siècle entre érudition et vulgarisation. Notes sur la traduction française du De religione mahommedica d’Adriaan Reeland
R. Minuti
Antiquité, modernité, traduction
Terrible merveille
E. Barilier
Une Antiquité controversée et diversement adaptée : l’Ars poetica d’Horace dans les commentaires et la poétique des XVIe et XVIIe siècles
S. Richter
Vers la modernité
La question de l’équivalence dans la traduction
F. Ervas
Vingt ans après : Alexander von Humboldt se réécrit et se traduit lui-même
S. Poggi
Wilhelm von Humboldt et le paradigme de la traduction
I. Ferron
INDEX des noms
S'interroger sur le point de vue du traducteur, dans la mesure où le sens produit en dépend, représente une démarche essentielle de l'étude de la pratique de la traduction. En effet, Nietzsche n'a pas lu Epicure comme Gassendi, Avicenne n'entendait pas Aristote comme Heidegger. La place du lecteur dans un espace-temps donné est fondamentale pour l'interprétation du sens d'un énoncé. L'Histoire apparaît ainsi comme ce qui définit une communauté ou une séparation d'univers et de discours, entre l'auteur et son lecteur.
Traduction et Histoire vont de pair au niveau théorique, et s'il est une chose qu'enseigne l'étude de l'histoire des traductions, c'est que la pluralité des lectures l'emporte toujours sur l'unité sémantique d'un texte. La nécessité de retraduire encore et encore certaines œuvres met clairement en évidence ce phénomène.
Si l'une des questions théoriques essentielles de la traduction est de s'interroger sur le sens des énoncés, question pressante en philosophie, il faut, pour comprendre ce qu'est traduire, inscrire la réflexion dans l'Histoire, mettre à jour et rendre intelligible le lien originel entre la question du sens des énoncés et celle de ses variations dans le temps. Cet ouvrage, contenant une quarantaine de contributions traitant de projets de traduction des XVIe-XIXe siècles, à partir du grec, du latin, de l'hébreu, de l'arabe, du français ou de l'italien, s'y engage.
Dans une large mesure, le travail des traducteurs, tant d'un point de vue philosophique qu'historique, a contribué à former la personnalité de l'Occident. Par rapport au texte original, la traduction parfois adoucit les traits, parfois les charge, parfois exagère une expression ou en atténue une autre, semblable en cela aux travestissements des fêtes ; car la lecture est une fête : elle l'a été de la Renaissance aux Lumières, et la traduction, elle, fut à maints égards le visage même de plusieurs auteurs. En une formule, elle fut souvent le masque de l'écriture.